dimanche 20 novembre 2011

T'es mignon et tu baisses ton pantalon (ou comment vivre le mois de la gentillesse au boulot)

"La journée de la gentillesse quelle arnaque" me disait fort justement une collègue lors de notre première pause de la matinée devant la machine à café. Effectivement, de loin ça ressemble surtout à un concept Bisnounours complètement con et surtout totalement irréalisable : passer une journée sans médire, sans râler, sans pester, sans jurer est-ce vraiment une journée réussie? déjà, ils ne sont pas dingues, ils l'ont prévue un dimanche. C'est déjà plus réalisable puisque tu n'as en règle générale pas à affronter le monde du travail. Dans ma boîte, soyons francs, déjà l'heure de la gentillesse serait un exploit, sauf à une période de l'année : les deux dernières semaines de novembre. Et pourquoi me direz-vous, interloqués? parce que novembre, c'est le mois de l'octroi des primes et des augmentations. Du coup, en novembre, on passe tous en mode "j'adore mon entreprise et surtout, surtout, toi mon chef adoré qui a l'enveloppe des augmentations entre les mains". Concrètement, on ne râle plus pour les heures supplémentaires, on ne reprend plus son chef quand il omet la base BMABJ (bonjour, merci, au revoir, bonne journée), on rend ses dossiers en avance, on ne ferme pas son poste à 16h55, manteau sur le dos pour être sûre d'être dans le hall à 17h pétantes !
Non, en novembre, en fonction du degré de miélitude qui n'appartient qu'à chacun d'entre nous, on devient bonne élève, zélée, parfois même bien lourdingue : on demande des nouvelles de la petite famille, on félicite sur la coupe de cheveux, la cravate... On peut coucher aussi hein, mais c'est de moins en moins répandu et la féminisation de la hiérarchie de nous aide pas, mieux vaut miser sur le fayottage intensif.
Il faut bien entendu mettre toute dignité de côté, tout respect de soi même, toute valeur. Mais bon, pour 50€ bruts, soit 32€ nets de plus par mois, on est prêt à tout. Ou pas. Il y a toujours les rebelles, ceux qui ne veulent pas s'abaisser, qui sont fiers, qui ne rentrent pas dans le jeu. C'est à dire tout ceux qui savent déjà qu'ils l'ont ou qui l'ont eu l'année dernière et qui passent donc leur tour cette année. Moi qui ai perdu toute dignité depuis bien longtemps dans mon milieu professionnel, j'ai décidé de tout miser sur mon travail. Je sais que j'ai de la valeur, que j'ai beaucoup donné cette année, que j'ai été performante, je l'ai méritée cette augmentation, pas besoin d'artifices superflus. Bon allez, je vous laisse, je dois finir l'ensemble bonnet-écharpe-gants pour le dernier né de mon directeur...