jeudi 24 janvier 2013

Les légendes urbaines du travail à la maison ...

Les trucs que je pensais que oui, alors qu'en fait non, ou un peu mais pas exactement non plus comme je pensais avant. 

1/ je ne serai plus jamais en retard.

Faux. Certes tu es sur place, mais on le sait, ce sont souvent les personnes les plus proches d'un lieu de rendez-vous qui arrivent le plus tard. Et puis c'est sans compter les copines devant l'école, à qui, avant, tu  agitais fébrilement la main, sans ralentir ta course effrénée vers la voiture, après avoir "jeté" les enfants dans la cour. Maintenant que tu as le temps, tu tapes la biz, tu discutes, tu dissertes... par contre, si tu es encore là lorsque sonne l'heure de la récrée du matin, c'est que tu as vraiment abusé...

2/ j'organiserai mon temps de travail comme je voudrais.

Non. Parce que déjà tu es contrainte par les horaires de la vie quotidienne : l'école, les repas, les feux de l'amour. Et puis, si tout va bien, tu as des clients. Donc comme dans ta vie de salariée, tout ce que tu as prévu de faire dans la journée sera chamboulé par : une demande urgente, un retard dans un retour de validation, la rhino du petit dernier, la voiture à emmener chez le garagiste...

3/ je serai plus disponible pour ma famille, mes mômes. 

Ok tu es plus souvent à la maison. Si pour toi être "plus disponible" signifie murmurer des "hum hum, ooohhh, oui c'est bien" ou hurler des "Sileeenceeeeee, lâches ton frère", de dos sans interrompre tes doigts sur le clavier, à des enfants collés devant la téloche... alors oui tu es plus dispo.

4/ je serai moins stressée.

Faux. Avant tu stressais pour le boulot à rendre, la manif à organiser, le dossier à boucler pour le boss. Tu angoissais de ne pas donner satisfaction à tes supérieurs. Maintenant tu angoisses pour Ta boîte, Ton boulot, Tes clients. Bref, tu angoisses égoïste, mais tu angoisses toujours...

5/ plus personne ne me dira ce que je dois faire.

Faux. "Chérie, comme tu es à la maison, entre deux dossiers bien sûr, tu pourras faire la lessive/étendre la lessive/faire un peu de repassage/vider le lave-vaisselle/rentrer du bois et passer un petit coup d'aspi?"
Ben tiens.

6/ je me préparerai comme pour aller au bureau.

Faux. L'été tu préféreras la robe à bretelles, le short et le débardeur, les tongs au tailleur-jupe/sandales à lanières qui te scient les doigts de pieds. En hiver, tu troqueras ton tailleur-pantalon en velours, contre un bon gros jean informe - mais qui est tellement confortable - avec un bon gros sweat ou pull en laine et des chaussons en moumoute.
La réunion skype impromptue reste un très bon garde-fou pour ne pas se laisser aller sur le shampoing, le maquillage ou le peignoir à 11h...

7/ je serai moins tentée de faire de pauses café avec les copines.

Vrai ! sauf si tu as le téléphone, FB, tweeter, etc ... et des voisines qui bossent à domicile aussi.


8/ je ne serai plus obligée de subir le serveur de l'assistance informatique.

"Pour un problème de téléphonie, tapez 1, pour un problème avec votre poste de travail, tapez 2, pour un problème avec un programme informatique, tapez 3..." tout ça pour s'entendre dire :" vous êtes sure qu'il est branché votre ordinateur?..."
Là tu n'as pas d'assistance informatique, donc quand ça ne marche pas, tu débranches et rebranches, tu pestes, tu cries, et puis, au final, tu téléphone "SFR bonjour, pour contacter l'assistance téléphonie, tapez 1, un problème avec votre réseau internet, tapez 2, un problème avec (cette saleté de) boîtier Femto (tout pourri qui est censé te reconnecter au monde mais que en fait il ne fonctionne JAMAIS), tapez 3, ..." tout ça pour s'entendre dire "Vous êtes sure qu'il est bien connecté votre boîtier Femto ?"...

9/ je vais enfin arrêter de manger n'importe quoi.

C'est vrai qu'entre les déjeuners avec les collègues, les déjeuners de travail, les panini avalés en vitesse, les pots de départ, d'arrivée, de naissance, d'anniversaire, les goûters, les cookies blancs, tu as un peu pris de la bedaine ces dernières années.
Maintenant, plus de tentation. Mais qui a fini les "Petits Écoliers" des mômes? "Chérie, il ne restait pas du Côte D'or?", "ton sachet de boulgour est bientôt périmé, on le jette ou pas?"... bref...

10/ je vais enfin être tranquille.

Alors là, c'est vrai. Tranquille, seule, au calme. Très très au calme. Bien isolée. C'est bon tout ce silence. C'est calme. Tranquille. C'est serein, c'est zen. Voilà c'est ça, c'est zen.
Super Zen.
Voilà.

Tiens si j'appelais au bureau pour prendre des nouvelles? je vais mettre la radio un peu aussi. Et puis je vais regarder quand à lieu la prochaine séance de co-working dans ma ville. tiens le chat ! non mais reviens le chat, j'ai plein de choses à te raconter depuis la dernière fois, le chaaaattttt !!!




samedi 12 janvier 2013

Je me suis fait un revival de ma vie de bureau…



Hier, j’avais un rendez-vous avec une conseillère pour une mutuelle de santé. Avant ma mutuelle était imposée par ma boîte, je ne me posais pas vraiment de questions. Maintenant, je dois choisir ma mutuelle, et, en substance, je dois choisir si je vais avoir des problèmes de vue, d’audition, de dentition, ou si je vais être hospitalisée bientôt. Bref, je dois cocher des options pour savoir si je préfère avoir : des lunettes à monture en bois ou griffée, un sonotone perfectionné ou demander aux gens de parler plus fort, une jolie couronne en céramique (tiens je dois prendre rdv chez le dentiste) qui coûte un bras, ou un sourire à la mode de n’importe quel rappeur en jogging, une hospitalisation dans une chambre individuelle, où je pourrais péter seule en matant les feux de l’amour tranquillos ou une chambre à deux voire trois, à devoir attendre mon tour pour aller faire pipi, me taper les jeux de TF1 sans pouvoir écouter les feux de l’amour parce que la famille entière de l’éclopée à ma droite aura décidé de venir lui tenir compagnie… bref, pas une décision anodine.

J’arrive avec un peu d’avance, la personne à l’accueil est un peu dans le genre des Sophie&Sophie, en moins drôle. Elle m’ouvre une porte sur un couloir et me plante là. Ahhh la douce moquette pleine d’acariens, les murs en plastiques modulables, pas de doutes, nous sommes dans des « bureaux ». Seule dans mon couloir, je me dirige alors vers le premier bureau occupé dont les stores ne sont pas baissés et dont la porte est ouverte. Un jeune cadre dynamique est en plein boulot, avec tout le package : ordi portable, blackberry + Iphone, piles de dossiers, stylos de marque, téléphone qui clignote (= j’ai des messages en attente tellement je suis débordé je n’ai même pas le temps de les écouter), trois gobelets de café … je me poste à l’entrée de son bureau et l’interpelle « Bonjour, j’ai rendez-vous avec Mme …. ». Le costard-cravate lève les yeux vers moi. Ma conseillère n’est pas arrivée, mais il m’invite à patienter dans la salle de réunion située derrière. Avant de repartir il me propose un café que je décline. Et je peux vous dire tout de suite que lui, soit c’est le boss, soit c’est un stagiaire. Et au vu de son bureau, c’est le boss… Et pourquoi ? Parce qu’il n’a pas du tout l’habitude d’accueillir des clients. Il ne me serre pas la main, semble gêné, comme si il voyait un « prospect » pour la première fois, et, en grand professionnel, il m’installe pour me faire patienter dans une salle qui avait du accueillir le matin même une réunion sur « comment convaincre le client de signer vite et haut » : tout le dispositif de vente est affiché au tableau, avec de jolis schémas sur des paper-board, les objectifs de chacun et les cadeaux récompensant les gagnants du challenge de ce mois-ci.

Quand ma conseillère arrive enfin, je vois à sa tête que la bourde de son boss ne passe pas inaperçue…nous gagnons son bureau, et je me retrouve là où j’étais il y a un 18 mois, la dépression en moins. La moquette grise, sale, les murs en cloisons fines comme du papier, qui laissent passer toutes les conversations. Les armoires à fermeture « accordéon » de couleurs gaies comme le noir, le gris, ou le beige… entre nous, on les appelait des armoires de prison. Le bureau en mélaminé gris, le « caisson » pour y disposer ses petits dossiers et ses fournitures : stylos, trombones, agrafeuses, stabylos jaunes… Le téléphone à cadran, avec toutes les options possibles : renvoi d’appel, audio, répertoire et sonneries pourries. A la fin de ma vie de salariée de bureau, j’avais une sonnerie magnifique : un mec qui disait en boucle « Are you there ? Are you there ? Are you there ? ». Il y a avait la version femme aussi. Ça rendait dingue mes collègues. En une seconde, j’ai tout revu : même mobilier, même disposition, même contrainte de se brancher au réseau pour imprimer trois feuilles, même ordinateur, mêmes armoires, mêmes dossiers empilés, mêmes porte-manteaux…
Ma conseillère est allée chercher les documents sortis de l’imprimante, j’ai alors pu réaliser qu’elle avait aussi les mêmes collègues en entendant les conversations dans le couloir. Deux personnes se faisaient mille courbettes à l’occasion de la nouvelle année, une autre annonçait le pot-galette du lendemain midi, ma conseillère pestait contre l’imprimante qui ne fonctionnait pas, épaulée dans sa galère par un collègue qui menaçait d’engueuler Serge de la logistique si cela ne s’arrangeait pas au plus vite… J’ai entendu ses petits pas dans le couloir, nous avons finalisé l’entretien, elle a proposé de me raccompagner, mais, profitant du fait que son téléphone sonnait, j’ai décliné sa proposition, lui certifiant que je retrouverai très bien mon chemin. Une fois dans le couloir, j’ai pu tout à ma guise admirer les « cases courrier » de chaque service de cet étage, les vieilles affiches de publicité accrochées par le département marketing pour « égayer » le couloir gris, les plantes vertes à l’agonie, les cartons déposés devant les bureaux… et surtout, j’ai pu entendre tous ces bruits qui font l’atmosphère d’une vie de bureau : les conversations téléphoniques trop bruyantes, les murmures des discussions plus confidentielles, les sonneries, toutes plus kitsch les unes que les autres, le manager qui déclame son discours de motivation en réunion d’objectifs hebdomadaire, les imprimantes en fond sonore… J’ai respiré à fond les odeurs de poussières, de renfermé, de papiers, d’after-shave, de parfums mal dosés, puis j’ai ouvert la porte et je suis sortie de l’immeuble. Et j’ai ressentie un sentiment de liberté, comme quand je séchais les cours au lycée pour aller au café avec les copains, la culpabilité en moins. L’impression de respirer à pleins poumons, après une longue période d’apnée. L’impression que les gros doigts de l’entreprise avaient enfin desserré leur étreinte de mon petit nez, pour le laisser respirer à sa guise…  

mercredi 2 janvier 2013

Bonne année ! allez, pour une fois, on s'embrasse ?

Texte utile pour une fois, à lire avant que la horde de tes collègues ne débarque pour te biser la joue... Cette liste est non exhaustive, si tu as des idées, exprime toi.

1/  le grand classique, évoquer la maladie familiale : "mon fils a une gastro, mon mari et mes enfants ont la grippe, le chat n'arrête pas de vomir..."
Avantage : en plus d'éviter la bonne biz, un large périmètre de sécurité sera mis en place, tu seras tranquille pendant plusieurs jours.
Inconvénient : il y en a toujours un qui va te dire "on peut s'embrasser quand même, chez moi c'est pareil!". Et là, en plus de la bonne biz, tu récupères les miasmes...

2/ plus pointu, l'herpès. L'herpès fout la trouille, la personne reculera d'au moins cinq pas, en grimaçant.
Avantage : personne ne tentera le "c'est pas grave, on s'embrasse quand même".
Inconvénient : la rumeur d'entreprise est fourbe, ton pseudo herpès labial, peut vite se transformer en herpès génital, avec moult détails sur la façon dont tu l'as choppé. 

3/ simuler un appel téléphonique : "Oh tiens mon téléphone vibre, je suis désolée, je dois vraiment prendre cet appel... mais on se revoit vite !"
Avantage : donner l'impression d'être overbookée dès le lendemain du réveillon, d'être à fond à fond.
Inconvénient : difficile d'argumenter un second appel quand ton téléphone se met à réellement sonner alors que tu es en pleine conversation simulée...

4/ arguer l'argument humanitaire : "Je ne souhaiterais la bonne année que lorsque le monde entier pourra la fêter avec le sourire".
Avantage : tu es une personne engagée, une personne investie, tu crois en tes idées.
Inconvénient : tu viens de flinguer l'ambiance bon-enfant de tout le monde, rabat-joie va.

5/ avouer son scepticisme : "moi, le nouvel an, je n'y crois pas."
Avantage : le temps que la personne intègre cette réponse, tu auras eu le temps de te barricader dans ton bureau.
Inconvénient : tout le monde pense que tu es barrée. tarée. ailleurs quoi.

6/ remettre les choses au clair sur les rapports en entreprise " nous sommes collègues, je ne voudrais pas que cet acte créé un précédent, je préfère que nous en restions à des rapports distants".
Avantage : tu n'auras plus jamais à faire la biz à qui que ce soit. Ni à participer aux pots de départ, d'anniversaire. Ni à participer à aucun conversation.
Inconvénient : tout le monde pense que tu es psychorigide, voire frigide.

7/ dire la vérité "non, mais vraiment Patrick, tu penses sincèrement que j'ai envie de démarrer l'année en te faisant la bise? ça n'a rien à voir avec les mocassins à glands, le gilet tricoté sans manche, la cravate mickey. Ce n'est même pas une vengeance pour toutes les fois où tu me mates le cul et les seins dans le couloir, pour ces précieux moments où tu me frôles dans l’ascenseur. Mais là, j'ai encore la dinde, le foie gras, la bûche et le champagne en haut du gosier, alors si je dois respirer de plus près l'odeur qui s'échappe de ta bouche, bouche qui aurait aimé comme bonne résolution le brossage de dents au moins hebdomadaire, je sens que je vais dégueuler sur la moquette. Et je n'aime pas vomir au travail. Sans rancune, hein !"
Avantage : tu as été franche, tu as évité la bonne bise sans feinter.
Inconvénient : tu es méchante et tout le monde le sait maintenant.

Bonne année ! allez, pour une fois, on s'embrasse ?