jeudi 25 octobre 2012

Power Rangers force Rouge Ou Dois je synchroniser ma vie virtuelle et ma vie en vraie, et si oui, comment ?



Vaste sujet cet après-midi autour de la soupe de tomate du gouter (récession alimentaire oblige). En réalité, cela n’a pas été formulé comme ça par la personne concernée, elle a plutôt dit « il y a une vieille copine à moi qui m’a virée de sa liste d’amis sur FB, je lui envoi un mp (message privé pour les ermites ou réfractaires) d’insultes ? ». En bref, une de ses connaissances dans la vraie vie de tous les jours l’a supprimée de sa liste d’amis facebookiens. Et là, légitimement, elle s’interroge. Est-ce une erreur technique ou y a-t-il une raison particulière ? surtout que ma collègue n’a pas franchement envie de décrocher son téléphone pour demander à l’intéressée « hey dis, pourquoi tu n’es plus ma copine sur FB ? ». Tout le monde ironise autour de nous, n’empêche que ça rappelle des souvenirs de cours de récrée, où les fameux « t’es plus mon copain, t’es plus ma meilleure amie » sonnaient le glas d’amitiés solides datant d’au moins quinze jours. Sauf que, dans le monde des adultes, on dit rarement à quelqu’un « t’es plus mon copain », on a grandi, on a  muri. En fait quand quelqu’un nous insupporte, on s’éloigne, on l’évite, on met de la distance et on espère qu’il comprendra tout seul.
Avec notre ami facebookien, la peur enfantine du « t’es plus ma copine » resurgit. L’angoisse de l’élimination pure et simple, ni vue ni connue nous guette tous. Parce qu’en plus, FB ne vous prévient pas, il n’est pas si vilain que ça. Tu peux en fait supprimer qui tu veux sans que la personne ne le sache, soit sans explication. Et inversement, tu peux être radié sans même t’en apercevoir. C’est moche. Mais pratique, tu peux virer discrètement le collègue que tu as accepté il y a quelques mois parce que tu n’as pas eu le cœur d’ignorer sa demande, ou parce que tu voulais augmenter ton nombre d’amis, petit sournois. Et pif paf, l’ami débarqué se voit rayé de notre vie facebookienne, ne peut plus admirer nos photos, connaître les détails de notre vie, savoir que nous avons besoin d’une éponge magique pour combattre le dragon gardien du passage secret du niveau 3. La loose quoi.

Ma collègue nous confie tout de même au bout d’un moment qu’elle avait un peu vu le coup venir : la dite personne avait publié un texte sur sa déception du comportement de certains et sur le fait qu’elle allait bientôt « faire le ménage » dans ses amis. Allez, avouons, nous avons tous déjà lu ce type de message sur certains profils de nos amis : celui s’adresse à tout le monde et personne, qui est plein de sous-entendus que personne ne comprend. Et là deux catégories de personnes apparaissent : ceux qui s’en foutent, et les paranos, ceux qui se demandent ce qu’ils ont bien pu faire (même si ils n’ont plus croisé la personne depuis dix bonnes années) et qui surveillent frénétiquement leur nombre d’amis pour voir si le couperet va tomber sur eux ou non.





Mais peut-on réellement « supprimer » un ami de sa vie ?
Le problème est peut être juste dans le langage employé. « Ami » : proche, intime, personne à qui l'on est lié par amitié, avec qui l'on a des affinités. La définition est vaste et surtout très subjective puisque chacun retrouve des qualités qui lui sont propres dans l’amitié. Parce que sois honnête, les collègues de travail dont tu as eu la faiblesse d’accepter l’invitation seront-ils un jour des Amis ? la copine de CE1 perdue de vue depuis 30 ans ? le petit neveu de ton poto Polo ? hein ? FB a commencé à entrevoir le problème puisqu’il a créé des listes où tu peux être relégué à une simple « connaissance ». Ça correspond déjà beaucoup plus aux liens que tu entretiens avec 75 % de tes amis facebookiens. Tu peux également limiter le contenu de tes publications, créer des groupes bloquant tes publications à certaines personnes de ta liste d’ « Amis ». C’est légèrement plus lâche que la suppression pure et simple, c’est un tout petit peu plus discret, mais il ne faut pas se leurrer, si la personne visite ton profil et voit qu’elle n’a plus accès à aucune  de tes informations, elle doit bien se douter qu’elle est en transit vers la sentence suprême. Elle est en quelque sorte en partance … disons que c’est pour la ménager, tu agis par paliers.

Jusqu’ici ma collègue a tout bien intégré, elle est d’accord avec nous sur le fait que ce n’est pas bien grave même si on la sent vexée comme un pou. Cependant, elle a une interrogation plus importante et légitime : « et dans la vraie vie, concrètement ça donne quoi ? ». Et effectivement, que se passe-t-il lorsque l’on croise la personne fraîchement radiée ou celle qui nous a sciemment écarté de sa vie en vrai de vrai, physiquement ? quand on tombe par hasard sur elle au rayon légumes du Monop’ ? On s’ignore ? on se salue poliment ? J’imagine que l’on ne se bisouille pas … mais comment savoir ? dois-je consulter ma liste d’amis facebookiens avant chaque sortie histoire de ne pas commettre d’impair ?
D’autres personnes se sont déjà posé la question. Sur FB même il y a des groupes comme « Demander à FB l'option pour savoir qui t'as supprimé de sa liste d'amis » ou « Pour que Fb ajoute "**** vous a supprimé de sa liste d'amis" », des applications à télécharger te scannent ta liste d’amis quotidiennement et dénoncent le vilain qui t’a supprimé la veille, discretos à 23h15… Mais tout ceci ne nous explique en rien comment l’appliquer dans la vraie vie. Nous avons donc planché ce jour devant la machine à café pour mettre en place une application de synchronisation entre ta vraie vie et ta vie sur le net. Un peu à l’image de la sacro-sainte synchronisation du blackberry et de ton poste de travail… mais si, tu sais, cette brave synchronisation qui t’a permis à maintes reprises de ne pas t’attirer les foudres de l’auteur du mail auquel tu n’avais pas répondu dans les temps « c’est encore la synchro avec mon black qui ne s’est pas faite, je n’ai pas eu votre mail, pffff….. ». Il existe déjà un moyen de synchroniser toutes les informations présentes sur tous les réseaux sociaux, il faut juste étendre à la vie en vrai, je ne vois pas où est la difficulté.
Dans la définition de suppression il y a : « abolition, abrogation, absorption, annulation, bannissement, cessation, confiscation, coupure, destruction, disparition, effacement, levée, privation ». Nous ne retiendrons ni bannissement (c’est rude quand même), ni absorption (je ne veux absorber personne moi et encore moins être absorbée…) mais plutôt « effacement, disparition ». Donc, voici le principe : celui qui est à l’origine de la suppression doit tout faire pour disparaître physiquement de la vie de l’autre, il doit « s’effacer ». Charge à lui donc de se cacher lorsqu’il aperçoit le supprimé. Planqué derrière son conjoint, accroupi le long d’une voiture dans un parking, collé à un arbre dans un parc, n’importe quelle solution doit être envisagée. N’apparaissant plus non plus dans votre vie réelle, la suppression de l’ami facebookien prend tout son sens, ce n’est plus seulement une petite lâcheté ramenée de la cour d’école mais bien un vrai moyen de gérer efficacement ses relations avec autrui. Bref, Parker Lewis avait sa synchronisation des montres, les Powers Rangers leur synchronisation des couleurs, nous aurons notre synchronisation amicale facebookienne/tavieenvrai… Qui vote pour ?

vendredi 12 octobre 2012

En vacances j’oublie tout, ne plus rien faire du tout…

Bref, moyenne patate ce matin. Heureusement, c’est le jour de parution des différentes offres de voyages du comité d’entreprise, les discussions autour de la machine à café vont pouvoir se diversifier un peu, et ne plus tourner exclusivement autour de Masterchef et de la personnalité plus que contestée de Ludo, comme tous les vendredis matins. Ce matin nous parlons donc soleil, croisières ou pas croisières, circuits ou pas circuits, enfants ou pas enfants… Nous discutons météo, trajets, animations, paysages. Puis quand nous avons épuisé tous les sujets politiquement corrects, et que le stagiaire du deuxième, qui est également le fils d’un collègue des ressources humaines se décide à regagner son bureau, nous entamons la vraie discussion : qui part avec le voyage du CE, pourquoi s’infliger une telle horreur et quels sont les dossiers en cours. C'est-à-dire, lesquels de nos collègues sont marqués au fer rouge pour avoir, au choix ou cumulé, vomi dans la piscine, s’être engueulés avec son conjoint en pleine « animations-apéros », enfantés des démons qui ont gâché le séjour de toutes les personnes présentes. En général, la liste noire est connue de tous, mais il y a toujours des détails qui réapparaissent, véridiques ou inventés d’ailleurs, si bien qu’une histoire datant d’une bonne dizaine d’années peut continuer à alimenter les conversations de machine à café encore aujourd’hui. Une fois que nous nous sommes gaussés sur les malheurs de nos petits camarades, vient le fameux débat des adeptes contre les allergiques des voyages du CE. En fait, la question est de savoir si, pour pouvoir bénéficier de superbes voyages très bien organisés il faut le reconnaître, vous êtes prêt à supporter vos collègues en maillot de bain au bord d’une piscine, en short durant une randonnée, ou en espadrilles et débardeurs dans le bus qui vous mène d’escale en escale … Et inversement, êtes vous prêts à dévoiler le vacancier qui se cache en vous à toute l’entreprise. Parce que l’adage « ce qui se passe en vacances reste sur le lieu de vacances » est totalement faux, soyez lucides. Toute attitude sera analysée, débattue et communiquée. Et ne pensez pas que chacun est là en vacances, sans se soucier des autres et que vous aurez juste à vous isoler avec votre famille. Cette attitude de paria va vous suivre dans votre quotidien professionnel : vous qui les avez snobé, qui avez été hautain, qui ne vous êtes pas « intégré ». Pour éviter toutes représailles, vous devrez donc faire table commune, activités communes, transats communs… évitez chambre commune, là ça peut créer d’autres représailles et d’autres ragots.
Doux mois d’octobre et son ciel oscillant désespérément  entre le gris-gris et le gris-jaune, plaçant le plafond nuageux à 2m50 du sol… doux mois d’Octobre où l’excitation de la rentrée s’est totalement évanouie pour laisser place à la lassitude et la fatigue. Doux mois d’Octobre où les jours raccourcissent, les nuits s’allongent avant le fatal changement d’heure (28 octobre cette année, ceci était une pause informative) qui nous fait sombrer dans les abysses de l’obscurité subie au départ ET au retour du boulot.
Cependant, s’il n’y avait que vous, ça pourrait encore être jouable : vous faites semblant toute l’année, pas compliqué de le faire aussi pendant les vacances. Il faudra juste remplacer votre bikini léopard, par un maillot de bain une-pièce bien gainant, et ne picoler comme un trou que dans votre chambre et non au bar où vous risquez de finir en vedette de la soirée karaoké grâce à votre solo sur « Etienne, Etienne, Etienne » de Guesch Patti (ici pour les incultes). Si vous êtes affublé d’une famille, il faudra maîtriser conjoint et enfants, et là soyons clairs, c’est peine perdue.
Ne reste plus qu’à envier secrètement ceux qui participent au voyage du CE, sincèrement contents de partager tous ces bons moments avec leurs collègues, sans avoir peur d’être eux-mêmes durant le séjour. Mais pour vous venger un peu, rien ne vous empêche de mandater un traitre, qui vous racontera dans le détail toutes les situations embarrassantes, ragots, que vous pourrez ensuite allègrement partager à leur retour, dans quelques mois à cette même machine à café… 


jeudi 4 octobre 2012

Nanananananana, nananananana, nananananananananaanananaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa



Réunion de crise à la pause café de 10h30. Ma copine du 3ème et moi discutons sur le manque de communication autour d’un fait majeur du petit écran : Brad Carlton est mort et tout le monde s’en fout. Je suis sûre que toi non plus tu n’étais pas au courant. Pire, peut être ne le connais tu pas. Alors je situe, Brad Cartlon est, enfin était l’un des personnages cultes des « Feux de l’Amour », fameux soap diffusé sur TFI depuis des lustres. Brad, le beau jardinier qui au final est devenu un grand homme d’affaires est mort en secourant Noah, le fils de Sharon et Nick, tombé dans un lac gelé. On sentait bien ces dernières semaines que ça n’allait pas fort pour lui, mais de là à le tuer dans un lac gelé !
Pendant que ma copine et moi dissertons sur l’affront fait aux fans d’avoir tué ainsi un personnage important, je vois que le type venu prendre sa pause café lui aussi, nous écoute attentivement, un petit sourire aux lèvres. Il doit comprendre à mon œil mauvais qu’il n’est pas de bon ton de tenter la blagounette ce matin, et ose une phrase sympathique d’intégration à la conversation « je connais ce feuilleton, ma grand-mère regardait quand j’étais petit ». Erreur, grave erreur, dans cette phrase, trois motifs de vexation : 1/ c’est un feuilleton pour les mamies ; 2/ quand j’étais petit, donc c’est vieux très vieux, en fait vous êtes vieilles, 3/ moi je ne regarde pas je suis au de dessus de tout ça.

Toisage, de mon regard le plus agréable, accompagné de cette question « et toi, c’est quoi ta tare télévisuelle ? on en a tous au moins une, alors vas-y balance, et ne te contente pas d’un « Tellement vrai » ou « tous différents » ça ne compte pas ».  Devant nos visages déterminés, le jeune homme se met à chercher un truc un peu limite mais tout de même pas trop dérangeant pour sa réputation dans l’entreprise. Je le sens passer en revue dans sa tête tous les feuilletons pour ado qu’il mate encore sur les chaînes de la TNT (Beverly Hills, Melrose place, Hélène et les garçons…), les émissions de télé – réalité qu’il regarde en se marmonnant à lui-même « mais qu’est ce que c’est con » pour se rassurer (L’île de la tentation, Secret Story et les Chtis n’importe où dans le monde pourvu qu’ils soient sous titrés…), et des émissions de classement de n’importe quoi  ou l’ensemble des émissions de Patrick Sébastien (Et on fait tourner les serviettes …). Au final, il rougit, bafouille, puis finit par bredouiller « je regarde les redif de « l’Amour du risque » depuis quelques semaines ». Silence dans la salle, nous avons promis de ne pas nous moquer. Je fais vite le parallèle pour relancer le débat. Tu vois, lui dis-je, le décès de Brad, c’est un peu comme si « Février » (le chien de Jonathan et Jennifer, bande d’incultes) était mort sans que personne n’en parle. Il convient avec moi que c’est moche, et me demande ce que ça raconte exactement les « Feux de l’Amour ». Je lui paye un second café pour qu’il tienne le coup et me lance.
Déjà ce soap, c’est la négation totale de toute cohérence temporelle, géographique ou générationnelle. J’entends par là que chaque personne dispose de son propre espace-temps, où il va pouvoir évoluer à sa guise. Les enfants par exemple passent très rapidement à l’adolescence, puis à l’âge adulte ; tout ceci sans que les personnes autour ne vieillissent. Ce qui fait que des relations amoureuses vont naître entre des personnages qui à la base avaient une bonne trentaine voire quarantaine d’années d’écart. Ce procédé est même reconnu dans le monde des soap, et se nomme le SORA : Soap Opera Rapid Aging syndrome.
Chaque personnage compte au moins trois mariages à son actif, nettement plus lorsqu’il s’agit des personnages « principaux ». Il y a également beaucoup d’enfants. Enfants cachés, reconnus, pas reconnus, que c’est toi le père mais en fait non, mais en fait si, mais non c’est ton frère aaaahh. Cela peut donner des intrigues sur plusieurs années. Le coup des jumeaux/sosies marche très fort aussi. Et puis les morts qui sont morts mais en fait non ils n’étaient pas morts. Les valeurs qui ressortent de ce soap sont la famille, l’argent, le pouvoir, la morale (quand même hein, on ne fait pas n’importe quoi non plus), et l’amuuuurrrr. Le pardon aussi est très présent sans être nommé. Certains personnages ont des trajectoires de vie assez surprenantes. Par exemple un avocat qui au début de ses apparitions était un dangereux criminel qui avait pris une femme en otage et l’avait séquestrée pendant des jours… et bien aujourd’hui, c’est le poto de tout le monde ! Ils pardonnent tout dans les feux de l’amour. Et puis l’histoire est élastique : tu peux regarder une fois, puis reprendre trois mois ou trois ans après, a priori tu retomberas sur les pattes quand même… seul soucis, le changement d’acteur qui peut arriver n’importe quand et où personne ne te préviens, et là une astuce : la voix ne change pas elle.

Pour en revenir à l’histoire, on peut dire que c’est en gros deux familles qui s’affrontent dans les affaires : les Abbot avec John le Patriarche décédé depuis plusieurs années mais qui fait régulièrement des apparitions en tant que sosie ou fantôme, et les Newman avec Victor, le chef des chefs, avec ses t-shirts noirs moulants et sa moustache. Et puis il y a aussi les Chancelor, et d’autres personnages phares qui ont TOUS un lien entre eux, c’est prouvé.
Me voilà donc lancée dans une explication des mariages et divorces et remariages, etc… mais je sentais que je perdais mon collègue. Nous avons donc décidé que ce thème méritait plus qu’une pause café, nous avons donc réquisitionné une salle de réunion, dotée d’un paper board. Au bout d’à peine 1h30, pile pour l’heure du déjeuner, nous avions élaboré un joli schéma, permettant à n’importe quel novice de s’y retrouver sur les principales interactions entre les personnages. Et comme je ne te sens pas prêt à lire ma prose pendant des heures sur ce thème voici le schéma qui t’aidera. Et pis, c’est un peu mon petit hommage perso à Brad .