vendredi 8 juin 2012

Chute dans le peloton !

Ou comment vivre sereinement ses loisirs sportifs au boulot. Attention, je ne parle pas de concilier activités sportives et horaires de travail, je ne parle pas du cours de badminton pour se rapprocher de son conjoint, de la séance de gym dans la salle des fêtes du patelin d'à côté ou de l'entraînement de football du jeudi soir... Non, je parle des loisirs sportifs télévisuels. Avec le mois de juin, arrive Roland-Garros, puis le Tour de France en juillet. Il y a toujours une compétition plus ou moins intéressante de football, cette année, bingo, c'est l'Euro. Bon, Roland-Garros, personnellement, ça ne me manque pas trop, je ne regarde que pour m'endormir. Je ne sais pas pourquoi mais cette ambiance de chaleur, cette torpeur orange entourant les joueurs, ce va et vient de la balle faisant "poum-poum" à intervalles réguliers, ça me fait me sentir bien, tranquille, en route pour une petite sieste bien réparatrice. Sauf quand certains joueurs poussent un cri plus ou moins perçant à chaque fois qu'ils tapent dans la balle. Je me rappelle Monica Sélès et ses célèbres hurlements... C'est flippant, on a toujours l'impression qu'ils se blessent, qu'ils se sont coincés quelque chose, ou, pour les joueuses, qu'elles frôlent la descente d'organes... S'il y avait des soigneurs au bord du terrain, comme lors des matches de football, j'ose à peine imaginer le nombre d'allers-retours qu'ils feraient pour rien, avec leur petit brancard ridicule.
Maintenant, on peut toujours feinter avec les smartphones mais à l'époque, c'était impossible (notez je suis vieille, j'ai connu le minitel, le téléphone à cadran qui tourne, Yannick Noah tennisman et le walkman à cassettes, c'est dire...). Nous avions bien déjà un accès internet, privilégiés que nous étions de travailler à la communication, mais le fameux département de l'audit veillait. L'Audit, pour situer, c'est un peu comme l'IGS chez les flics, nos boeufs-carottes à nous. L'Audit surveille si tu n'utilises pas le matériel informatique mis à disposition par l'entreprise à d'autres fins que ton travail. Et ça concerne (beaucoup) internet. Genre, aller sur le site "Les Echos" ça se défend, aller sur le site "ventes-privées", moins. Même si il y a une vente San Marina qui commence à 9h pétantes, que seules les premières connectées seront servies et que franchement à ce prix là, ce serait limite un crime de laisser passer une vente pareil. Mais les personnes travaillant à l'Audit ne sont pas constituées de la même façon que l'ensemble des autres êtres humains, et même un spécimen de type féminin ne sera pas sensible à de tels arguments, si fondés soient-ils.
La consultation de tous sites sportifs est donc limitée. Tu peux toujours évoquer un lien étroit entre le site de "l'équipe" et les partenariats sportifs des grosses entreprises, la recherche d'informations sur ton entreprise sur le site de France 2, France 3 ... mais au final, ça risque de se voir. Certains employeurs bien disposés prennent les devants. Dans une des agences de publicité parisiennes chez qui j'ai travaillé, le patron avait installé une immense téloche dans une des salles de travail pour la Coupe du Monde de football 2002. L'équipe de France n'ayant pas passé le premier tour cette année là (oh les champions, on est tous ensemble...), les goûters footeux n'ont pas duré très longtemps.Tu peux aussi t'arranger pour aller déjeuner dans un resto qui retransmet l'objet de tant de convoitises, le commencer à 11h30 et le terminer à 15h30, rentrant l'âme en peine au bureau, laissant derrière toi les derniers échanges décisifs ... 
Si tu n'aimes pas le sport et que tu as beaucoup, beaucoup de chance tu peux avoir dans ton bureau "le" collègue qui apporte sa petite radio. Déjà qu'il te pourrit la vie toute l'année avec "Nostalgie" ou "Chérie FM", radios bien connues pour mettre une patate d'enfer à quiconque écoute plus trois minutes, mais là, le Tour de France avec commentaires et bruits d'hélicoptère, ce n'est que du bonheur.


Mais le top du top reste tout de même la technique d'un de mes anciens collègues, que nous nommerons Bernard, pour conserver son anonymat (hum hum). Ramier professionnel, ceinture noire 3ème dan, il faisait l'admiration de tous tant ses combines pour glander étaient rodées. C'était le seul doté d'un téléphone sans fil ayant une portée suffisante pour lui permettre de recevoir ses appels du café d'en face. Passé maître dans la lecture par dessus dossier du journal du jour, Nanard ne pouvait se contenter de la radio pour suivre le Tour de France, dont il était fan. C'est ainsi qu'il réussit à retrouver dans un recoin de sa maison, une vieille télévision. Il a passé plusieurs heures à la régler, afin de pouvoir "guetter la nouvelle campagne de publicité nationale". Ben tiens. Sauf que quand nous sommes rentrées de rendez-vous, mes collègues et moi, nous avons trouvé Nanard, installé dans le bureau de notre responsable, absente comme à son habitude, bien calé dans son fauteuil, matant le Tour de France en dévorant un Royal cône au chocolat, la cravate projetée derrière l'épaule pour éviter la tâche... Vision pleine d'élégance qui  est venue compléter les images d'horreurs reliées à l'item "Tour de France" dans mon cerveau, juste à côté du type bourré comme un coing, en short trop juste et débardeur moulant, qui court à côté des cyclistes, verre à la main en hurlant, les faisant immanquablement chuter, obligeant le commentateur à hurler, catastrophé, "chute dans le peloton, chute dans le peloton!"

2 commentaires:

  1. Et y a aussi les JO de Londres cette année .
    Yes we can.

    J'adore.

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  2. Oui mais les JO, j'aime bien... YES WE CAN ! bisous

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