...dès qu'il s'agit de bouger, de
mouver my body. Je réalisé cet état de fait lors d'une partie de tennis
cette semaine. Je courrais vainement après les balles, rouge écarlate et
mon adversaire a cru bon de me crier "vas-y, vas dessus là" pour
m'encourager. Ce à quoi j'ai répondu "Mon esprit aimerait bien, ce sont
les fesses qui refusent". Et là, tout au long de cette partie de tennis,
je me suis remémorée toutes les situations où l'avis de mes fesses a
prévalu sur celui de ma tête. Déjà, lorsque je pratique une activité
sportive, souvent l'ensemble de mon
corps irait bien plus vite, plus haut, mais les fesses bloquent l'effort
et l'impression de tracter une remorque voire une caravane peut
rapidement se faire sentir et ce n'est pas ce qu'il y a de plus
agréable.
Évoquons
également l'ensemble de mes séances shopping : dès que les fesses se
trouvent mises en valeur dans un ravissant pantalon ou une magnifique
jupe, elles font fi de toutes les alertes de l'esprit qui pourtant les
préviens que ce n'est pas raisonnable au vu de notre compte en banque
commun. Lorsque le petit string en dentelle me tend les bras, les fesses
souhaitent souvent se vautrer dans une bonne grosse culotte en coton
bien large parce qu'elles n'ont pas du tout envie de se serrer toute la
journée pour montrer leur plus beau visage.
De
la même façon, lorsque mon esprit souhaite ardemment se mettre au
repassage, au nettoyage et autre récurage, les fesses, elles, ne veulent
rien entendre et se calent un peu plus dans le moelleux canapé... Quand
l'enfant pleure et que l'esprit, même en pleine nuit, est alerte et ne
désire que bondir hors du lit pour se précipiter dans la chambre
voisine, les fesses, elles, peinent à obéir et à sortir de l'état de
léthargie dans lequel elles sont plongées. Au bureau non plus, les
fesses ne sont pas très disciplinées. Au lieu de se bouger pour aller
chercher les photocops à la machine, elles attendent patiemment sur leur
chaise de bureau qu'une bonne âme avec des fesses moins feignantes nous
apporte nos documents à domicile. Parfois, les fesses refusent tout
bonnement la jupe de tailleur et ne daignent entrer que dans un jean. Et
même si c'est vendredi, je peux vous dire que la mode du "friday wear"
n'a jamais dépassé le périph. Mais ça, mes fesses s'en tapent.
Là
où mes fesses restent tout de même dignes, c'est qu'elles au moins, ne
se sont jamais posées sur le bureau du patron pour demander des
faveurs. Elles n'ont jamais rien reçu en échange d'un aller-retour
chaloupé dans le couloir ou d'une scrutation dans l’ascenseur. L'esprit
pourrait penser que les fesses sont trop grosses ou trop molles pour
attirer ce genre de comportements, mais l'esprit aime bien les fesses
quand même au final, il préfère penser que mes fesses ne sont pas des
fesses faciles.
Même si
parfois elles lui font honte. Oui, mes fesses arrivent à faire honte à
mon esprit. Pas seulement quand elles se parent de vêtements aux
couleurs, aux motifs, aux textures improbables. Pas non plus quand leur
circonférence est carrément au dessus de la moyenne des fessiers
voisins. Non, là où les fesses font honte à mon esprit, c'est
lorsqu'elles se dandinent; lorsqu'elles se laissent totalement emportées
par la musique, qu'elles se balancent en rythme. Et là, plus rien ne
compte, ni le fait que danser sur "Magnolias for ever" c'est un peu la
loose, ni le fait que les spots de couleurs mettent en avant la (grosse)
forme (très) galbée de mon fessier, ni le fait que l'ensemble des
directeurs le dévisagent, le dit fessier, parce que nous sommes quand
même à la soirée annuelle de l'entreprise... Non, rien n'y fait.
Et
le pire du pire, c'est quand l'esprit se rend complice des dérives des
fesses, et qu'il incite l'ensemble du corps à se mouvoir, et la bouche à
s'ouvrir et à hurler (pas du tout) en rythme "les magnoliaaaaasss par
centaineeeeeeeeeeeeee, les magnoliaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaas comme
autrefooooooooooooiiiiiiiiiissssssssssssss". Et quand le sens du
ridicule viendra demander des comptes à l'esprit, en ce lendemain de
soirée arrosée, là où l'expression "avoir les cheveux qui poussent à
l'intérieur" celui-ci ne saura que répondre un peu grossièrement "parle
aux fesses, la tête est malade"...
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